lundi 26 janvier 2009

Nouvelle n°2 "Le bal masqué"

Athénodore, jeune d'à peu près vingt ans, vivait en famille avec sa sœur cadette sur l'habitation de leurs parents à quelques kilomètres du bourg. Le gars "rongeait son frein", en attendant la soirée du samedi. Car il était l'invité de marque de son cousin Julien qui rendait son bouquet. Aussi redoublait-il d'attention dans ses faits et gestes, pour ne pas s'attirer aucune remarque d'insatisfaction de la part de ses proches, rendus parfois soucieux à la suite d'un drôle de rêve ou de choses étranges aperçues. Enfin, on ne sait quels pressentiments qui éclairent le sens de la vie de nos adultes chevronnés, mûris par l'expérience vécue. Sa cadette l'observait avec envie, parce qu'à cette époque, les jeunes filles à moins de se trouver dûment fiancées ou promises ne devaient pas être invitées dans un bal public. Notre Arthémise comptait sur le compte rendu fidèle de la soirée que son frère lui ferait avec complaisance les détails piquants et surtout le comportement de Robert, l'élu secret de son cœur. Athénodore accompagne son père ce samedi matin très tôt, afin de récolter, ignames et autres produits de ravitaillement de la maisonnée, en cette fin de semaine. Les deux s'entendaient bien et chemin faisant, échangèrent leurs idées. - De mon temps commença le père, j'ai toujours préféré comme danse, le Gragé. On peut parler avec les yeux à sa danseuse et lui faire comprendre bien des choses: " Causé rangé pa gain cassé ouéye " et ainsi de suite... Souvent d'autres conseils fusaient, de circonstance aussi pertinente. Enfin arriva, l'instant avant la tombée du jour où bien attifé, Athénodore dit au revoir aux siens. Tout en se hâtant, sans en avoir l'air, il se demandait quelle serait la dame de son choix? Les rares filles en perspective se trouvaient déjà retenues par leurs soupirants. Aussi escomptait-il une défaillance de cavaliers qui lui laisserait quelque assurance peu sure. Il fut fêté dès son arrivée dans un local accueillant les organisateurs n'ayant pas ménagé leurs soins pour rendre agréable la soirée sous la véranda garnie avec goût, de feuilles de maripas piquées de fleurs exotiques. Là, les joueurs de flûte accompagnés de chachas, et petits bois enflammaient danseurs et danseuses. Comme il s'y attendait toutes les dames tournaient aux bras de leurs cavaliers, sauf pourtant, une assise, qu'Athénodore agréablement surpris, manœuvra pour s'approcher et lui tendre la main. Mais tout en avançant notre homme se rendit compte qu'il ne la connaissait point. Les autres invités ne les dérangèrent d'ailleurs pas, pensant qu'ils s'étaient attendus. Aussi eurent-ils tout leur temps de se trouver des affinités. Et la soirée dansante s'écoula on ne peut mieux. Si bien qu'elle lui demanda bien avant le lever du jour de la reconduire chez ses parents qui n'habitaient pas trop loin, où ils venaient de s'installer. Athénodore ne se fit pas prier. Et ils s'éclipsèrent en douceur. Ils firent ensemble un bon bout de chemin, la fille servait de guide. Est-ce sous l'effet du charme enivrant de sa compagne, Athénodore s'aperçut cependant que le trajet lui était complètement inconnu. Il s'inquiéta. Ne se serait-elle pas égarée? Non car sa maisonnette bien avenante se dressait devant eux comme par enchantement. La fille lui recommanda de la suivre sans bruit pour ne pas troubler le sommeil de ses parents âgés et fatigués. Elle l'introduisit dans sa belle chambre. Et le reste s'ensuivit. Et quand Athénodore se réveilla et reprit conscience, il se trouvait étendu seul sur un tas d'épines. Il se garda bien d'en parler à ses copains. Mais il imagina pour sa petite sœur et ses parents, une soirée merveilleuse.

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