dimanche 12 avril 2009

Nouvelle n°3 "La rose merveilleuse"

Il était une fois, vivait un roi et une reine, jeunes encore qui appréciaient la joie de leur existence. Ils eurent deux fils jumeaux, qui en grandissant se révélaient différents de caractère. Autant l'un manifestait son tempérament autoritaire, autant l'autre paraissait sentimental.
Le moment arriva pour leurs parents de prendre en compte leur avenir et de leur assurer une éducation en conséquence. Le souverain fit donc rechercher partout des candidats dignes de confiance et choisit parmi eux, deux précepteurs réputés pour leur capacité et leur sagacité. Celui propre à la pratique des arts et des sciences se vit attribuer le fils à fort caractère, l'autre, amateur de la vraie nature, reçut la responsabilité du rejeton royal, plus calme d'apparence. Les deux enfants grandirent en âge et en sagesse, rendant honneur à l'aptitude de leurs éducateurs, et excellent surtout dans les particularités du savoir de chacun de leurs formateurs.
Tout le monde s'accordait pour les reconnaître en dehors de leur situation personnelle, une intelligence développée peu commune.
Les héritiers, devenus adultes formés, le souverain pensant à sa succession voulu que le contact avec les réalités de la vie acheva leur formation. Aussi décida t-il de les faire voyager de par le monde, et leur demanda de lui rapporter, au retour, la rose la plus merveilleuse existant sur la terre. Les deux intéressés, en communion d'idée, résolurent d'aller en quête de leur précepteur, retourné, depuis chacun dans leur pays d'origine.
Le premier retrouva son éducateur installé orfèvre émérite, et lui révéla la raison de sa visite. C'est de pouvoir disposer d'une rose à nulle autre pareille qui ferait plaisir à son père et pourrait de ce fait lui assurer la succession paternelle.
- J'ai ce qu'il faut car j'avais pressenti que je serai à même de te rendre ce service. Après mon départ, j'ai invité puis travaillé à fabriquer une rose avec des pierres précieuses les plus rares, possédant les vertus que j'ai découvertes et amélioré. C'est la reproduction exacte d'une fleur qui reflète au naturel toutes les nuances. Accorde-moi le temps de parfaire mon ouvrage.
Ce qui fut fait et ensemble, ils revinrent à la cour du roi où chacun, comme le souverain demeura en admiration, devant cette merveille inimaginable. Et comme le second fils se faisait attendre, ne donnant plus signe de vie, le sort semblait ne pas s’être prononcé en sa faveur.
Cependant il était effectivement parti pour retrouver son éducateur qui lui avait donné un penchant pour les plantes ornementales, et c'est pourquoi, seule une coïncidence lui permit de découvrir sa retraite modeste et mystérieuse à force de persistance.
En insistant, on lui indiqua où habitait un étrange personnage, père d'une fille d'une divine beauté, qu'il tenait isolée, en même temps qu'une rose aux vertus exceptionnelles. Paraît-il, son pouvoir lui permettait de transmettre à la rose, la carnation humaine et même le don de la parole. Mais on lui prédit qu'il n'avait, comme beaucoup d'autres, aucune chance d'être accueilli.
La demeure restait obstinément close. Mais le jeune homme pressentait que son destin, était lié à son admission dans cette maison hostile et demeurait aux aguets, a l'affût d'une occasion opportune. Il se présenta enfin, un jour, déguisé en jardinier, et frappa à la porte. Il était à bout de patience, lorsqu'un judas s'entrouvrit et allait se refermer. Il se produisit en cet instant un échange d'influence lorsqu'on accepta enfin de le faire rentrer.
- J'attendais ta visite depuis un certain temps, car par prémonition, je travaillais déjà à préparer cette rose qui doit faire ton bonheur.
- Je sais que mon confrère a réussi une merveille, tout en pierreries, mais qui est sans âme. Je te réserve une rose naturelle qui parfume aux différentes heures de la journée et revêt une carnation à l'image de ma fille qui l'accompagnera. Et c'est mon enfant, une beauté qui charmera sans recours. Il te faudra rester un peu de temps encore pour que je te communique mes pouvoirs. Ce qui fut fait, mais aussi... a naissance d'un sentiment amoureux qui se fondit dans le cœur des jeunes gens comme un filtre divin.
Il fallait ne plus tarder ; car la nouvelle se répandait qu'un fils du roi était revenu avec une rose merveilleuse et que l'on était sans nouvelles de son frère jumeau qui allait perdre toutes ses chances.
L'on se mit donc en route, avec la rose et sa protectrice.
Entre temps le premier fils arrivé avait mis en place des agents devant le prévenir, à toutes fins utiles. Si bien qu'il apprit que son frère était non seulement vivant, mais avait trouvé aussi une rose à nulle autre pareille.
Furieux, il fit placer un guet-apens sur son chemin de retour. Et un soir que son rival se reposait dans un hôtel, ses sbires l'assassinèrent et le jetèrent dans la fosse avec la fameuse rose. Cependant, le roi et la reine qui cachaient une préférence pour ce fils retardataire, gardaient un secret espoir de le revoir ; même débouté. Ils se décidèrent, en fin de compte, d'avoir par eux-mêmes des nouvelles et se mirent en mouvement.
Un jour, ils apprirent la découverte d'une rose qui parlait. Un témoin leur rapporta avoir entendu la complainte : " Écoutez-moi; c'est mon frère qui m'a mis là". Parce que j'avais gagné le royaume de mon père.
Lorsque le frère se dépêchant, fut en présence de ce qui restait du rosier il écouta épouvanté la prière accusatrice. Surexcité, il fit couper au ras du sol la plante. Le roi arriva à son tour jusqu'à l'auberge où avait été enterrée la dépouille, alors il entendit de ses propres oreilles la même complainte, adressée à lui "Écoutez, écoutez mon père, c'est mon frère qui m'a mis là, parce que j'avais trouvé la rose la plus belle, parce que j'aurais gagné le royaume de mon père"
Il fit sur-le-champ arrêter son fils dévoyé et ordonna le transfert de la dépouille de l'enfant chéri martyrisé.
C'est alors qu'apparut la fille tenant à la main un flacon dont elle répandit le contenu sur les restes de la victime qui revint à la vie dans toute sa splendeur. Et tout le monde heureux s'en revint à la cour royale. Ils vécurent longtemps après le mariage et rendirent heureux leurs sujets.

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